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Douce arrivée au Laos en slow boat

Mai 2023


Le Laos, c’est un petit pays d’Asie du Sud-Est niché entre deux remuants voisins – la Thaïlande et le Vietnam. Havre de paix, joyau caché, destination préservée du tourisme de masse… les qualificatifs ne manquent pas pour décrire le « pays du million d’éléphants » où presque huit millions d’habitants vivent encore au rythme du Mékong.

« Un fleuve, ça se remonte. C'est une quête amoureuse. 
Au bout, la source. Toute source est un mystère. »
 
- Hervé Bentégeat (Le Mékong : du Tibet à la mer de Chine)

 J’y ai mis les pieds pour la première fois lors d’un passage express en 2019 dont j’aurai l’occasion de reparler en évoquant Vientiane – la capitale du Laos. Moins de quarante-huit heures sur place avaient réussi à me transmettre une impression de sérénité que je brûlais d’envie de ressentir à nouveau. Quatre ans et un début de vie active rythmé plus tard, c’est dans le cadre d’un congé sabbatique que j’ai pu assouvir cette envie d’alors et alterner deux semaines durant entre paysages à couper le souffle, temples bouddhistes et villes à l’ambiance détendue…

Cliché pris lors d'une promenade à Vientiane en 2019
Cliché pris lors d'une promenade à Vientiane en 2019


… mais matinale. Beaucoup de Laos s’animent dès l’aurore, qu’ils tiennent un stand au marché du coin ou se rendent au monastère. C’est donc pour embrasser ce rythme que mon périple vers la frontière laotienne commence à cinq heures du matin, un lundi du mois de mai 2023. Basée à Chiang Rai - en Thaïlande - depuis quelques jours, je souhaite rejoindre Luang Prabang, ancienne capitale royale du Laos classée au patrimoine mondial de l’Unesco.

Rétrospectivement, effectuer un trajet de deux jours en « slow boat » (littéralement « bateau lent ») est une parfaite illustration du rythme auquel la région et ses habitants évoluent. La destination du jour, Pak Beng, n’est ainsi qu’à 250 kilomètres mais je mettrai un peu moins de douze heures à la rejoindre. Je recommande néanmoins cette option, bien plus scénique que le bus ou l’avion. C’est parti pour six heures de navigation le premier jour, et sept le deuxième !

Embarquement à bord d'un « slow boat » sur les berges du Mékong en 2023
Embarquement à bord d'un « slow boat » sur les berges du Mékong en 2023


Pour passer la frontière sereinement, j'ai réservé deux jours auparavant une formule spéciale touristes auprès d'une agence locale pour une vingtaine d’euros. Destinée à faciliter les formalités de passage pour les nombreux backpackers en villégiature dans le coin, elle comprend les transports et tickets nécessaires depuis l'hôtel à Chiang Rai jusqu'au bateau partant de Ban Houayxay. 

Il est également possible de tenter l'expérience sans tour opérateur, en se débrouillant avec les bus et taxis locaux. Les deux aventuriers qui ont failli être bloqués dans la ville frontière côté Laos, faute de taxi pour les amener au bateau à temps, et qui ont fini par rejoindre notre tour m'ont confortée dans le choix de l’option un peu plus onéreuse. D’autant qu'ils ont eu d'autres problèmes sur le chemin… et qu'il n'y a qu'un départ par jour, il s'agit de ne pas rater le coche !

« Il faut voyager pour apprendre. » 
- Marc Twain

Le taxi qui me récupère à Chiang Rai a quarante minutes de retard sur l'heure indiquée – un peu long de si bonne heure mais pas inhabituel. Nous récupérons une autre touriste en chemin et arrivons au poste frontière avant huit heures du matin pour passer les contrôles. La marche à suivre est quelque peu imprécise : nous n'avons qu'un reçu avec le nom de notre tour opérateur pour toute indication. Celui-ci nous permet par exemple de récupérer un ticket de bus pour passer le pont de l'amitié lao-thaï, mais n'inclut pas la « taxe » à payer pour recevoir notre visa… qui est d'ailleurs de 40$ - et non 30$ comme trouvé sur Internet - pour un passeport français… ou pour ma personne ! D’expérience, il est plus confortable de prévoir davantage d’espèces qu’indiqué sur les sites officiels ou blogs de voyage. 

Le reste du parcours jusqu'au bateau se déroule sans problème : un guide nous récupère et je peux me procurer des kips – la monnaie du pays, une carte SIM locale et un sandwich pour déjeuner, gros indice de la présence française au Laos, qui a été une colonie de 1893 à 1953.

Nous rejoignons le "slow boat" à Houayxay. Il s’agit d’une grande embarcation à fond plat sur laquelle une cinquantaine de personnes peuvent voyager. Cinq minutes plus tard, nous voguons sur le Mékong et entrons dans un espace-temps presque irréel. Nous croisons régulièrement de petites barques où des pêcheurs sont protégés du soleil par le traditionnel chapeau de paille conique. 

Scène de pêche sur le Mékong en 2023
Scène de pêche sur le Mékong en 2023


Un village apparaît environ toutes les trente minutes sur l’une des berges, et il est fou de penser que la route fluviale que nous parcourons est la seule qui le relie au monde. Les enfants que nous apercevons, tout comme les buffles d'ailleurs, se baignent pour se rafraîchir et nous saluent également par de grands gestes. L'impression est celle d'un voyage dans le passé et d'un calme absolu, ce que le bercement des vaguelettes contre la coque renforce.

La nuit à Pak Beng est reposante, même si j'en ressors dévorée par les moustiques - un leitmotiv pendant les deux semaines sur place. D’aucuns parleront de prévoyance, d’autres de crainte : j'ai en tous cas commencé un traitement contre le paludisme depuis quelques jours déjà. 

Je me dirige tôt vers le bateau pour l'explorer à mon aise et découvre que l'arrière est une petite cabine dans laquelle vit le conducteur. J'apprendrai qu'il voyage des semaines à la fois, souvent accompagné de sa femme qui tient la buvette et aide à gérer le contrôle des tickets des passagers. Le mien se passe heureusement bien, mais une touriste qui était avec nous hier et dont le nom a été rayé de la liste pour une raison inconnue doit repayer son ticket - une arnaque plutôt flagrante… J'ai moins de chance avec mon café dont le lait est périmé et que je jette après la première gorgée. La journée passe vite alors que j’observe tour à tour de splendides panoramas, les tourbillons du fleuve et les quelques arrêts où locaux et marchandises transitent sur des jetées de fortune.

Dans un village près de Pak Beng, les habitants attendent l’arrivée du slow boat en 2023
Dans un village près de Pak Beng, les habitants attendent l’arrivée du slow boat


L'arrivée à Luang Prabang est à l'image du voyage au Laos jusque-là. Beaucoup d’imprévus engendrant des retards sur le plan initial sont compensés par l’exotisme des scènes qui se déroulent autour de nous – ainsi que la beauté des paysages. Notre taxi tombe ainsi en panne après trois minutes de course exactement, je mets bien dix minutes à trouver le bon hôtel dans une rue pourtant petite faute d'indications et nous aurons plusieurs coupures de courant dans la soirée - ce qui veut dire plus de climatisation ! 

De nombreuses perceptions m'assaillent lors de cette première soirée à Luang Prabang : les bâtiments du centre-ville à l'héritage colonial évident contrastent fortement avec les maisons en bois, parfois semblables à des taudis, de la périphérie ; personne ne porte de casques pour rouler à scooter, ceux-ci sont usés et de petit calibre ; il y a des enfants en bas âge partout ; certains locaux sont accueillants tandis que d'autres sont désagréables, nous recevons moins de sourires qu'en Thaïlande ; la population est non seulement petite, mais fluette ; les Laotiennes sont joliment habillées avec leurs longues jupes colorées, chemisiers ajustés et nœuds dans les cheveux. J'aurai l'occasion de préciser tout cela dans d’autres articles sur cette destination unique ! 

Et toi, cher voyageur, chère voyageuse, quelles ont été tes premières impressions sur le pays du million d’éléphants ?


# Laos
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